Nous sommes confrontés depuis quelques temps à l’apparition d’élèves présentant une « phobie scolaire » sans pour autant que l’on nous informe plus avant sur le problème et les remèdes possibles en milieu scolaire. Je suis donc allé rechercher des renseignements fiables.
Les établissements scolaires sont confrontés de plus en plus souvent à des adolescents présentant des phobies scolaires. On ne peut affirmer qu’il s’agit là d’une augmentation de la prévalence de cette pathologie chez les adolescents ou préadolescents ou si cette problématique est mieux connue ou reconnue.
La prise en charge de ces situations est toujours très fragile et il nous a donc semblé nécessaire de confronter des regards différents mais complémentaires d’où la mise en place d’un groupe de travail Éducation nationale - pédopsychiatrie.
Les enseignants constatent qu’une reprise de la scolarité ne peut se faire qu’accompagnée d’une prise en charge médicopsychologique. Le pédopsychiatre souhaite une réinsertion en milieu scolaire qui pourrait aider l’adolescent à se reconstruire parallèlement aux soins engagés.
Une cohésion du pôle pédagogique et de l’approche thérapeutique est indispensable pour étayer ces jeunes en difficultés.
Qu’est-ce que les phobies scolaires ?
Les enfants ou adolescents phobiques scolaires sont des enfants qui pour des raisons psychologiques refusent (ou plutôt sont dans l’impossibilité ) d’aller à l’école malgré leur volonté d’y aller, et résistent avec des réactions d’anxiété très vives voire de panique quand on essaie de les y forcer. Les phobies scolaires sont donc à distinguer du désintérêt scolaire ou de l’école buissonnière. L’intérêt, le goût et les performances pour les apprentissages sont en effet maintenus, mais l’adolescent met souvent en avant des rationalisations pour ne pas aller au collège (mauvaise ambiance de la classe, mal des transports...).
Les manifestations somatiques peuvent être au premier plan (nausées, vertiges, céphalées...), mais l’adolescent retrouve le calme dès la soustraction à l’obligation scolaire pendant les jours de repos ou les vacances. Peuvent parfois être associées d’autres manifestations psychologiques ou comportementales : troubles d’allure dépressive ou caractérielle, autres troubles phobiques, manifestations obsessionnelles, l’ensemble de ces manifestations pouvant être intriquées.
La phobie scolaire correspond souvent à une anxiété massive de séparation, les difficultés de l’adolescent se situant autant dans sa crainte d’aller au collège que de quitter sa maison et sa famille. L’essentiel de la prise en charge psychologique s’articule autour de la reconnaissance et de l’élaboration de cette angoisse de séparation.
Intégration en milieu scolaire
Un certain nombre de conditions nous ont semblé indispensables.
Devant des situations d’absentéisme scolaire, pouvoir évoquer la phobie scolaire : la phobie scolaire constitue une des causes d’absentéisme scolaire. Causes qui sont par ailleurs multiples, notamment dans la tranche d’âge préadolescent-adolescent : contexte sociofamilial, échec scolaire, errance et conduites à risque... C’est la dimension anxieuse qui doit alerter et faire évoquer une problématique de phobie scolaire.
Mettre en place des soins :
Le suivi psychiatrique est indispensable. Il vise bien entendu à améliorer la situation personnelle de l’adolescent.
Rédiger un Projet d’intégration :
Il contractualise les modalités de prise en charge psychiatrique, les conditions d’accueil dans l’établissement, l’engagement de l’élève pour des objectifs acceptés par tous : le service de soins, le chef d’établissement, le professeur principal, le médecin scolaire, l’infirmière scolaire, l’élève.
L’implication des personnels de Santé de l’Éducation nationale :
Le médecin scolaire garde un contact étroit avec le service de soins ou le médecin psychiatre qui suit l’enfant. L’infirmière scolaire plus présente dans l’établissement établit une coordination forte de tous les personnels concernés dans l’établissement ainsi qu’avec les soignants pour assurer le suivi au quotidien (un carnet de suivi pourrait être imaginé au cas par cas).
Une évaluation régulière et rapprochée :
Elle peut éventuellement se faire a minima si la situation est plutôt favorable, mais un bilan très régulier 2 fois par trimestre, un point sur la situation est fortement souhaitable. Elle permet de recadrer et réajuster le projet initial
Conserver pragmatisme et souplesse :
Il faut rappeler les difficultés importantes rencontrées dans ces problématiques pour que ces adolescents puissent réintégrer un circuit ordinaire. Avec l’aide du pédopsychiatre, il est toujours possible de réfléchir et de réadapter la prise en charge globale qui avait été prévue. Il est également possible de conjuguer les interventions conjointes ou successives des différents modes de scolarisation possible (établissement, SAPAD, CNED). La condition obligatoire est de s’inscrire dans un projet construit et non pas dans des réponses ponctuelles au coup par coup.
Les périodes de déscolarisation :
Le SAPAD : Pour répondre au nombre croissant de demandes concernant cette pathologie, le SAPAD a mis en place un « contrat pédagogique d’intégration », outil efficace si le projet pédagogique est inclus dans le projet thérapeutique et s’il est accompagné de certaines conditions.
le CNED : La décision d’instruire hors établissement est toujours très difficile. Cependant si cette solution est retenue, il faut garder un regard extrêmement attentif sur la globalité de la prise en charge. Un contact entre le CNED par l’intermédiaire du médecin conseiller technique est à prévoir. La rédaction d’un PEI pourrait être proposée
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Dernière mise à jour : lundi 7 septembre 2015